lundi 26 novembre 2007

Halloween...

La semaine passée c'était les préparations pour l'Halloween, maman m'a fait mon costume que je vais mettre ce soir, j'ai hâte. Cette année je serai déguisée en népouvantail à moineaux. C'est géant!
On y va avec mon grand frère pis le p'tit voisin, qui est finalement devenu mon tit nami.

Après souper, Man m'a mis mon beau costume pis m'a toutt maquillé, j'ai pas arrêté deux minutes de sautiller sur place et a disait *Arrête de faire ta sauterelle* Cé pas ma faute j'suis trop excitée, j'ai hâte de partir. J'ai pris ma citrouille en plastique et frèrôt, Jean et moi on est partis. Il me tenais bien la main et je sautais sur une patte pis sur l'autre. Ca l'énervait. Il m'a dit si t'arrêtes pas on r'tourne à maison, j'y ai dit de me lâcher la main mais y voulait pas... *Ben quoi tu tiens pas celle de Tit-Pet (Jean) fa que tu peux lâcher la mienne*

*Pas question, si t'arrives de quoi chu mort pis lui cé in tit gars pis lé tits gars on leu donne pas la main* Je babounne. Tit-Pet court en avant et y arrive toutt l'temps le premier à porte pour sonner. Y a beaucoup de maisons toutt décorées avec des citrouilles découpées pis des chandelles dedans, sont belles leu citrouilles.

On a fait le tour du bloc et on a commencé la rue plus loin, celle où j'ai pas l'droit d'aller d'habitude. Y avait une maison où plein d'enfants étaient devant, me demandais ben pourquoi tout l'monde était arrêter là. Quand j'ai senti un tit slaque d' la main du grand, me suis sortie la mienne et j'ai partie à course. J'ai courrue jusque d'lautre bord d'la rue. Y criait... *Arrive icitt p'tite peste* Me suis faufiler entre le monde et suis aller m'placer en avant. Y avait un homme avec une grande cape noire et y faisait des tours de magie... Wow!

Mon frère aussi en a fait un tour de magie quand y m'a attrapé par le collet, soulevé de terre et ramener sur l'trottoir, j'ai disparu d'in coup sec devant l' monde. Zutttt, cé pas juste, voulais woir moi. Y m'a chicaner tellement fort que ça m'a pincer et j'ai commencer à brailler. Plus y voulait que j'arrête plus je braillais. *Bon ok tu peux y aller mais recommences-moi pu ça*

J'ai dit oui avec ma tête et suis retourner voir le magicien en reniflant. Tit-Pet était tout content car il se tenait à côté du magicien qui faisait sortir un ving cinq sous de ses oreilles, tout l'monde applaudissait.

On a continuer un peu mais on a pas été au bout d'la rue, on est repartis pour la maison. Ma citrouille était pleine jusqu'au bord. En revenant, on passait vis à vis des ruelles, j'ai dit au grand de me tenir ma citrouille deux minutes, quand il l'a eue dans ses mains me suis pousser par la ruelle. J'l'entendais me crier de revenir mais j'ai pas écouter, y ava juste à pas me t'chicaner t'alleurs. J'ai courrue le plus vite possible et suis aller m'cacher entre chez nous et la maison de Tit-Pet en arrière d'la boîte de bois des vidanges.

Je l'entendais crier mon nom pis d'autres affaires que je vais juste répéter à Man car cé pas joli. Suis rester dans ma cachette très très longtemps, puis j'l'ai pu entendu fa que suis sortie et j'ai rentrer dans maison. Quand y é arriver, oh lala qui y était pas content mais moi j'attendais mes bonbons avec un grand sourire. Man a rien dit, elle savait tout, j'y ai toutt raconter.

*Toi c'est fini, j't'emmènerai plus jama courir l'Halloween*

Pfffff! Pas grave j'ai mes bonbons asteur.

jeudi 22 novembre 2007

L'école et le sable...

J'veux y aller à l'école moi aussi mais j'suis trop p'tite. Mes frères sont repartis ce matin, y commence une autre année scolaire. Pis là moi, je vais rester toute seule à maison. Ca m'fait pleins de pincettes.

Maman m'a dit que je pourrais jouer avec le nouveau p'tit voisin qui est arrivé en fin d'semaine mais j'le connais pas moi. Pis j'trouve qu'y a l'air *nono* y se plante la bette dans lé craques d'la clôture, y orgarde che nous pis y dit pas in mot. Man me dit qu'y doit être gêné cé toutt. Gêné ou pas y l'air nono bon!

Mais a ben y penser un nono ça peux être pratique. Ben disons que ça doit faire toutt c'que tu y dis. J'va aller voir ça. J'sors dehors su la galerie et j' orgarde dans l'autre cour. Parsonne. J'm'assis et j'attends. J'ai eu l'temps de faire 4 tic tac to et 2 soleils dans l'sable quand j'le vois sortir de che zeu. Y reviens se planter dans clôture. J'm'approche et j'y d'mande son nom... *Jean* moi c'est *Pinotte, tu viens-tu jouer che nous* Y retrousse ses épaules, y rentre che zeu en courant pis ressort aussi vite en m'disant... *Ma mér a veut*

On se retrouve dans le coin où Pa m'a emménager un carré d'sable. Ben cé pas toutt à fait in vrai...y a pas de carré d' bois autour comme au parc, juste du sable à terre, ben ca fait pareil. J'y passe une pelle pis une chaudière et j'y dit... *On va faire la cuisine* Y m'orgarde d'in air nono pis y attends d'voir c'que fait. Y s'lance. Bon cé p'tits gâteaux sont pas aussi beaux qu'lé miens mais sont pas pire, juste in peu croche.

Après en avoir faitt une bonne douzaine, j'y dit qu'on va les manger. Mais y va goûter avant moi.

J'prends ma tite pelle et j'la tends vers sa bouche. *Goûtes* Y m'orgarde pis y ouvre la bouche, j'perds pas d'temps pis j'y mets une grosse pelletée d'sable dedans. *Sont tu bon* que j'demande.

Y fait signe oui d'la tête, mais y a pas l'air d'savoir quoi faire avec sa bouchée. *Avale*

Y sé pousser en courant che zeu. Nono.Y sé même pas comment on joue pour vra.

Pas grave j'vas aller chercher Choupette... a lé zaime mes gâteaux... Elle.


mardi 20 novembre 2007

Le bonhomme sept heures...

Y existe... cé vra, j'l'ai vue mouââââ!

Samedi passé on avait d'la visite pis ma grande cousine préférée était là aussi. Cé géant quand elle est avec moi, elle a toujours plein d'idées pour faire plein d'trucs pas comme les autres.
En plus elle sait raconter dé histoires qui existent même pas din livres.

Toute la journée on a eu un plaisir fou ensemble pis après souper les grands ont débarrasser la table et y ont sortis leu jeu d'cartes. Ca va veiller tard. Vers sept heures Man me dit d'aller me préparer pour aller dormir, ça m'tente pas vraiment alors je babounne et rouspète in tit brin.

Pa me dit: "Si tu vas pas au lit sagement le Bonhomme sept heures va te pogner et t'emner avec lui" Pfffffffff! C'pas vrai! Mais y dit qu'oui pis même les mononcles en rajoutent.

Ma cousine qui a suivi la conversation vient à ma rescousse... "Si je l'emm'nais dehors et qu'on aille l'attendre le Bonhomme" J'suis pas sûre que j't'rouve l'idée bonne mais avec elle y doit pas y avoir de danger.

Pa et Man disent que c'est correct et après avoir mis ma jaquette et mes pantouffles on sort toutt les deux. Elle me propose d'aller s'étendre sous l'gros pin pas loin d'la rue. J'la suis. On s'étends à plat ventre et on regarde dans l'gazon si on trouv'rait pas in trèfle à quatre feuilles.

Pis tout à coup, a m'dit; Regarde. Je lève la tête et qui que j'vois pas... L'Bonhomme sept heures. Oui, oui c'est lui. Y marche sur l'trottoir ben tranquilment pis y é t'habiller en guenilles, y a une grosse barbe pis les ch'veux longs et sales. En plus j'vois avec mes yeux ronds comme dé billes... sa poche. Y a une grosse poche ben en vrai cé in gros sac en tous cas, y a sa poche qui traîne derrière lui. Ma cousine a m'dit: "Cé dans sa poche qui mets lé tits enfants pas encore coucher à c't'heure là"

J'sais pas si a m'a dit d'autres choses mais moi j'avais les talons aux fesses et j'ai couru m'cacher d'sous lé couvartes. J'pense qu'j'ai jama eue peur autant d'ma vie.

Pas longtemps apra j'entendais ma cousine dire aux grands qu'le Bonhomme sept heures était passé pis j'lé entendais rire.

Moi j'ai pas trouver ça drôle... Oh! non... Foi de p'tite Pinotte.



"Bon daccord j'ai pas dit s'qui faut d'la bonne manière mais j'ai dit la vérité. Faut toujours dire la vérité sinon le p'tit Jésus va pleurer"
Suis retourner serrer toutt mes choses et j'ai entendue Man chicaner l'grand et lui y essayait d'y parler mais a l'a clos la conversation avec: "Pas d'char pour une semaine"


Oh! Y é pas content l'frère, y é retrer dans sa chambre assez vite mais pas assez pour oublier qu'en passant devant moi y pouvait me sacrer une claque sa tête. Et vlan je l'ai eue.
Pffffff! Y m'a même pas faitt mal même si j'ai crié fort à Man que l'grand m'avait donner une claque. Elle a répliqué assez vite; "tu laisses ta p'tite soeur tranquille et va réfléchir à tes actes"
Lui aussi en a eu une... hihihihi!


Quand j'me suis assise pour dîner, j'ai vue sur l'bord d'la table mon beau dessin toutt plissé en boule. J'ai eue une p'tite pincette dans mon coeur et des larmes ont coulées, toutes seules. Quand mes larmes coulent cé à cause d'la pincette, ça fait mal une pincette ben plus qu'une claque. Man m'a consolé et m'a dit qu'il était très beau mon dessin, elle l'a toutt déplissé et l'a mis sur le réfrégirétateur.


L'grand est sorti d'sa chambre pour v'nir manger. Ca mange toutt l'temps un grand on dirait un ogre.Moi j'l'ai pas or'garder j'ai garder mes yeux dans mon assiette au cas qu'ça pince encore. Mais ça fait ornifler quand t'as d'la peine fa qu'le grand m'a d'mander... "Pourquoi t'ornifles" J'ai pas répondu.


Man lui a jeter un oeil sévère et a pointé mon dessin.
Il m'a dit... "Je l'aime pas mal ton dessin sans dessin" J'ai pas compris c'qu'y voula dire mais me suis fâcher et j'y ai dit que j'y en fra plus jama parc'qu'y l'a toutt magané. Et je l'ai kiquer avec mon pied, drette sur l'gnoux. On a fini d'manger sans plus rien s'dire. Quand j'ai eue finie ma pouding-chômeur j'ai sortie d'table en vitesse et j'suis aller m'assoir sa galerie.


Pas longtemps après y é t'arriver. Y sé t'assis à côté d'moi et y a mis son bras autour de mon p'tit cou, il l'a pas serré comme d'autr' fois et y m'a dit... "Veux-tu aller au parc, j'vas t'pousser dans balancigne fort fort. Ma pincette est partie après ça. Ben j'aime tellement ça aller au parc pis quand tu vas haut, haut, avec la balancigne, tellement haut que j'pense que mes pieds vont toucher aux branches des arbres et même aux nuages.
Il s'est l'ver en prenant ma main et avant d'partir y a crié à Man... "J'emmène Pinotte au parc"
Juste l'temps d'entendre... "Tention à ta p'tite soeur" qu'on était partis.


Y a tenu sa promesse et j'suis monter casiment jusqu'aux branches du peuplier. Wow! J'voulais pu arrêter, c'tait trop géant. Après on a été dans l'carré d'sable, il est immense et on a faitt un château comme dans mon livre préféré de Martine à la plage. J'ai même préparer un p'tit goûter, des gâteaux avec des c'rises dessus, bon ok j'ai mis des tites roches pour faire semblant mais l'grand a pas voulu y goûter.
Y a l'don de m'casser mon plaisir.


Mais y é fin pareil, y sé ben occupé d'moi pis apra on est or'tourner à maison. Y t'nais ben ma p'tite main en traversant la grand rue et y a même attendu que ça soit moi qui y donne le signal pour traverser. Quand j'ai vue la lumière verte j'ai dit..."Go, on y va"
J'y ai d'mander; "On vat'y or'venir?" Y a fait signe oui d'la tête avec in sourire. "Si té fine"


J'suis toujours fine, moi.

La peinture...

Maman est aller au magasin hier pis est rev'nue avec un beau kit de peinture pour moi, juste pour moi. J'ai sauté d'joie.
Ce matin elle m'a installer sur ma p'tite table en bois et m'a donner plein de papier pour faire dé beaux dessins. Sur la p'tite chaise devant moi, j'ai assis "Choupette" ma poupée préférée, j'y ai mis une serviette devant elle pour pas la salir et moi j'ai mon tablier toutt brodé de p'tits coeurs que Man m'a fait avec sa grosse machine à coudre. Maman, elle me fait tout plein d'linge, des robes et aussi des manteaux, elle est pas mal bonne ma maman.

Jor'garde la grande feuille pis j'sais pas quoi faire encore comme dessin, y faut qui soit géant si j'veux que Man le mettre sur l'mur. D'où j'suis, j'peux voir dans cuisine, y a Man avec le grand qui lui tourne encorrre autour, toujours dans ses jambes ce fatiguant-là. Me doute ben c'qui veut mais j'viendrai pas à son secours aujourd'hui, pas l'temps, trop occupée.
J'ai trouvé... j'va dessiner le char de Pa avec l'grand assis dedans et j'va le donner à l'achalant.

J'ai fait l'dessin et j'ai commencé à mette d'la belle couleur, y va être beau. L'grand est au d'sus d'moi pis y m'espionne. "Fly... T'as pas l'droit d'orgarder, cé une surprise"
Y me grichonne toutt les chveux avec sa main pis y part. J'hais ça.
Mais ça pas été long qu' j'ai fini mon chef-d'oeuvre pis j'vais lui porter. Man s'essuie les mains et viens voir c'que j'ai fait.

"Ouais c'est pas mal beau mais cé quoi au juste"
"Ben cé l'grand assis dans l'char de Pa qui fa d'la boucanne au Dairy Queen"
"AH! Oui"

J'sais pas pourquoi mais mon dessin a pas l'air de faire l'effet attendu sur eux.

lundi 19 novembre 2007

C'est pas trop long qu'on est rendue au Dary Queen. En cet après-midi de juillet, il y a quelques traîneux dehors... surtout des gars, et en dedans les filles sont regroupées dans des banquettes sur le bord de la grande vitrine. Les gars font les fiers et les filles ricanent. Moi j'y comprends rien à leurs manières mais tout ce qui m'intéresse c'est mon corna.

Dans mon coin le Dairy Queen est adjacent à un p'tit resto où tu peux manger des grosses patates frites et des hot-dog, on vient des fois avec Pa et Man, le dimanche après-midi. C'est là qu'la plupart des jeunesses se retrouvent pour user leu fonds d'culotte.

Pour les cornas on commande de l'extérieur, il y a une p'tite f'nêtre avec in moustiquaire qui s'ouvre et se referme. C'est pratique comme ça les mouches rentrent pas et tu peux parler à serveuse à travers du scring. Frèrôt me demande quel sorte de corna que j'prends, j'y dit; À crame glacée molle pis j'veux du chocolat coulant dessus. Il me sourit et commande.

La serveuse ouvre le scring lui passe mon corna et des napkings et enfin je le tien entre mes deux p'tites mains. Mon frère y va de ses recommandantions; Tention pour pas l'échapper.

Je marche doucement et rendue à l'auto il me soulève et m'assoit sur la valise du char. Comme ça je vois partout et lui peux vérifier que mon corna coule pas sur moi.

Deux grands viennent près de nous, y en a un des deux que j'connais pis je l'aime pas, quand y me vois y passe son temps à me donner des tapes sa tête, grrrrrr! Mais y me fait rien aujourd'hui, tant mieux sinon y aurait droit à mon coup de pied super sonic dans le tibias.

Y pensent que je les entends pas quand y parlent ensemble mais c'est tout faux et là en ce moment même y disent que la nouvelle, "t'sé la grande brune avec les pattes d'enfer", a un oeil sur mon frère. Y ont entendu ça par le grand Pic qui lui l'a su de sa soeur et quand le Pic dis de quoi ben c'est toujours vrai.

Ah! Les grands... toujours à dire des niaiseries. C'est pas tout j'ai fini mon corna et j'ai même eu l'temps de sauter à terre et je tire sur le chandail de mon frère; "On y vas-tu, j'veux m'en aller à maison"

"Attends donc in peu pis va tirer des roches dans l'champs pendant que j'fûme ma cigarette"

C'est sur sa grosse tête que j'y tirerais des roches mais j'me reprendrai ben. J'y vais en poussant les mottons d'terre avec mon pied mais sans rouspéter. Je babounne c'est tout.

J'ai pas tirer d'roches, j'me suis pris une vieille branche et j'ai fait des dessins dans terre jusqu'à temps qui m'appelle pour partir. On est rembarquer dans l'char et quand le frère a démarrer il a fait chirer les tires et la boucanne montait partout.

J'ai rie comme une folle car je savais que les gars restés sur place se sont fait remplir de poussière.

Nananananan!

Ah! Les grands...

Ils ne comprennent rien aux petits. On a beau leur sortir notre plus beau sourire et tout ce qu'ils trouvent à nous dire c'est; "Va donc jouer avec tes poupées"

J'vous explique c'qui s'est passé cet après-midi. J'suis bien sagement assise dans cuisine, mon menton accoté sur l'bord d'la table... de toute façon à grandeur qu'j'ai j'peux mettre que ça dessus, bon, j'suis accotté là sans rien dire ni bouger, sauf mes yeux qui suivent les aller-retour de maman, du poêle au comptoir et j'écoute la conversation des grands.

Mon frère exige les clés de l'auto et maman répète que papa va la tuer si elle abdique. Me rappelant qu'la veille j'avais osé emprunter les dernières photos d'mon grand frère prises avec sa blonde dans machine du centre d'achat, j'me dis que j'devrais me rachter auprès d'lui.

J'perds pas une minute et j'lance tout haut: " J'veux aller au Dairy Queen pour manger in corna"

Deux têtes se retournent en même temps et quatre yeux me dévisagent, comme si personne s'était apperçu de ma présence. Mon frère vif comme l'éclair saute sur l'occasion. " Si j'em'nais la p'tite peste en manger un corna avec le char... Hein! sa mère"

Maman se laisse convaincre avec mon air suppliant et elle va chercher les clés tant convoitées.
"T'es ben mieux de pas rouler vite pis fa tention à ta p'tite soeur"
"Ben oui sa mère faites-vous en pas"


Et c'est partie pour la ride de char et le cornet de cramanglace molle. Suis bien assise en avant sur l'grand siège de cuirette d'la grosse Chevrolet 56 de Pa, avec un de ses sourires qui me font de jolis trous dans les joues. Bien que j'vois rien devant j'peux regarder mon grand frère tout fier au volant de l'auto. Je l'observe.

Il a une de ses têtes le frèrot, les cheveux noirs ébènes lisser vers l'arrière et plein de sais pas trop quoi, avec sa peignure mon frère a l'impression d'être comme la vedette qui se trémousse dans tivi et que toutes les mères crient au scandale quand elle le voit mais pas la mienne. D'où j'le regarde on dirait qu'il n'a qu'un bras, celui qui tient le volant, l'autre a disparu je n'sais où, mais j'entends un drôle de bruit, on dirait qu'y a quec qu'un qui cogne dans porte. Y a mis ses jeans rendues presque blanche à force de les porter, son chandail noir à manches courtes, y a ses bottes avec le bout pointu ça lui donne l'air d'avoir des pieds tellement long. Une grosse ceinture avec la boucle en métal qui brille. *Je l'aime sa boucle* Y a aussi une grosse bosse carrée sur l'épaule en dessous du tee-shert. C'est là qu'y cache ses cigarettes. Pas trop fûtée pour une cachette.

C'est vrai que depuis une semaine y a plus besoin de s'cacher pour fûmer et ça depuis que Pa a découvert que mes deux frères fumaient dans salle de bain. J'les ai moi-même vue par le trou d'la serrure et j'ai aussitôt crier à Maman l'horrible chose que j'v'nais d'voir.

Depuis ce jour le grand porte fièrement son paquet sur l'épaule et le plus jeune n'a pas r'toucher à une seule cigarette. En attendant, on roule vers le Dairy Queen avec la musique dans l'tapis et le pied du grand aussi.